Je vois beaucoup de films en ce moment. Vraiment beaucoup. Je vous montrerai ma liste des films vus en janvier peut-être. Le festival Télérama qui a commencé mercredi n’arrange rien. Pour 3,50€ la place je peux rattraper mon retard cinématographique et voir les films que je n’ai pas pu voir en 2017.
Cet après-midi fut le tour de La Villa. Vous allez rire sans doute mais c’est le premier film de Robert Guédiguian que je vois. Et j’ai beaucoup aimé. Ce monsieur m’a touché.
On est dans un tout petit village près de Marseille. Ce village ressemble à un îlot retiré du temps et du monde. Il ne reste que le vide d’une époque révolue. Un AVC et la fratrie débarque pour parler héritage (ce mot n’est d’ailleurs jamais prononcé, à la place il est dit « partage », logique, avec cette fratrie qui se retrouve après tant d’années… En tous cas, c’est toujours la délicatesse et la dignité qui est présente chez Guédiguian…) en attendant l’échéance du père qui n’arrive pas, puisqu’il peut rester à l’état végétatif pendant des années. Alors, de chaque personnage on découvre le fil et chacun d’entre eux s’entremêle avec les autres. De fil en fil on sait que Angèle est actrice de théâtre et qu’elle a perdu sa fille Blanche, morte noyée ici même il y a plus de vingt ans. On sait que l’un des deux frères est toujours resté ici avec son père et entretien le lieu, la mémoire. L’autre frère est entrain de se séparer de sa compagne qui est beaucoup plus jeune que lui et l’écart générationnel se fait sentir doucement et dans la douceur. Il y a une merveilleuse ouverture à ce film qui m’a mis les larmes aux yeux et dont je ne veux pas vous révéler l’identité ici car la beauté de cette ouverture inattendue réside aussi dans le fait qu’elle surprend. Derrière cette carte postale vieillie et teintée de souvenirs dont nous même spectateurs devenons nostalgiques, se cache en toile de fond un sujet actuel, fort, déchirant, que l’on retrouve dans Un paese di Calabria et Fuocoammare par-delà Lampedusa. Les militaires sont critiqués et remis à leur place en douceur toujours, cette incroyable douceur, cette humanité juste et qui moi, m’a enveloppé dans un manteau de sourires et de larmes. Enfin, je tiens à souligner l’intelligence et la profondeur des dialogues, l’humour d’une grande finesse, et l’incroyable beauté et profondeur des personnages, qui font de ce film une excellente et inattendue découverte. A voir encore en salle jusqu’au 31 janvier.